Illustration : tableau de Romain Venaruzzo
Laisser vibrer le cœur sur le bitume
Qu’il épouse la poussière du sol
Dans un courant d'air chantant
Et qu'il pleuve sur le monde
Parmi les projectiles
Des larmes de soleil
Un parfum d'encre marine
La couleur d’un papillon
N’échapperont pas aux doigts de la fée
Quand reviendra le jour
Que les voyelles muettes viennent trouver refuge dans la bouche
Que le ciel noir tombe sur les paupières
Rejailliront les mots dans un crayon mine
Que rien ne perturbe
Pas même l'effroyable voyage d'une chauve-souris au-dessus d'un pays assiégé
Retourner dans le dedans
Pour ne pas épuiser le battement
Ne rien laisser filtrer dans le souffle
Même s’il ruine dehors
Garder le regard baissé et tête contre
Ne rien laisser s'éteindre
Chanter la mélodie du silence
Entêtants refrains d’un monde trop plein de trop de choses de trop de gens
Que renaisse la racine de toute chose
Que la peau redevienne feuille ou branche
Le squelette, tronc ou roche
Et le sang, ruisseau ou océan
Au bord duquel hurlera la plume du poète