Vous faire partager ma contribution au recueil collectif REQUIEM POUR GAZA paru aux éditions Color Gang dans la collection Urgences, novembre 2018
A l'invitation de Vincent Calvet et Aymen Hacen, j'ai rejoint un collectif de 30 poètes de tous pays : Khaled Jbour, Ronny Someck, Nathalie Quintane, Caroline Boidé, Serge Pey, Olivia Elias, Fady Noun, Aymen Hacen, Sabine Venaruzzo, Madeleine Lenoble, Vincent Calvet, Michel Cassir, Claudine Bertrand, Julien Blaine, Josyane de Jésus-Bergey, Adam Fathi, Bruno Geneste, Anat Zécharia, Nadine Agostini, Paul Sanda, Isabelle Moign, André Robèr, Anne Letoré, David Barabi, Françoise Pelherbe, Maram al-Masri, Mati Shemoelof, Aïcha Moghrabi, Didier Manyach, Monia Boulila, Marianne Catzaras, Bernard Noël, Julien Boutonnier, Annie Salager, Nicole Peyrafitte, Patrick Quillier, Janine Gdalia, Sylvie Ringard.
Avec une préface d'Adonis.
Ma Terre Mater
Une larme sang-terre encrera mon poème
Sur les pierres cerfs-volants libres dans le ciel
Et sur mon corps foulant une terre parcelle
Et dans mon cri échappé de toute frontière.
Ma terre, ma terre, Mater, ne pas se taire.
Frayer un poème d’une terre, en vers.
Laissez-moi Être l’Humain, humain sur la Terre
Embarbelé en terre mémoire occupée,
Renaître dans le brouillard noir mange-racines
De mon corps - en vie tranchée - comme territoire.
Ma terre, ma terre, Mater, ne pas se taire.
Frayer les vers en poème d’une terre.
Laissez-moi grandir sur une bande de terre
Et dans le nuage obscur constellé de lames
J’y ferai pousser la lumière de l’été
Éblouissante de vie, de jour comme de nuit.
Ma terre, ma terre, Mater, ne pas se taire.
Frayer un poème en vers de terre.
Ma terre épiderme trouée par les armes.
Son ADN modifié en peaux pores d’obus.
Rien n’y meurt, rien n’y roquette, rien n’y mortier.
De Mater qui m’enterre, renaîtront ces vers.
Ma terre, ma terre, Mater, ne pas se taire.
Frayer la terre d’un poème vers
Cessez-le-feu
Laissez-moi manger ma terre.
J’ai ma terre dans le ventre.
Je suis terre de Mater.
Laissez-moi jouer avec elle
Entre les feux follets d’une bande de larmes.
Ma terre-oiseau, la faire voler dans le ciel.
Laissez-moi danser avec elle
Entre cerveaux brûlés, drones et oiseaux morts.
Laissez-moi en elle, sur elle, sous elle.
Mater entrailles,
Ma terre de lit,
Ma terre couverture.
Laissez-moi vivre ma terre sur Terre.
Ma terre patrie.
Mater partie
En terre valise
De terre d’exil.
Terre dispersée dans sa propre chair,
Mater labourée dans son ventre
Mettant la Terre entière dans l’ombre d’elle-même.
Ma terre au bord de mon cœur
Empêchée d’y tomber.
Ma terre, ma terre, Mater, ne pas se taire.
Frayer un poème vers une terre
Où seule résiste l’espérance incandescente
Tenue dans le regard d’un enfant déjà grand.
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