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Photo du rédacteurSabine Venaruzzo

Et maintenant j'attends



Je suis né dans un Rouge paysage

Parfumé d’entrailles et de poussières

Où les balles se fondent dans les corps

Où les enfants jouent aux billes de plomb

Et maintenant j’attends

J’ai écrit dans mes mains le nom de ma mère

Juste sous mon pied le jour de ma naissance

Et J’ai marché sur les chemins d’espérance

Tenu les mots qui se perdent dans le vent

Et maintenant j’attends

J’ai quitté mon frère à la seconde où

Je suis parti sans le choix de rester

J’ai offert ma force au désert de sang

Pour chercher l’or au centre de la terre

Et maintenant j’attends

J’ai sauté par-dessus une frontière

Dans un éclat de rire j’ai crié

Me voici l’oiseau de la liberté

Mais déjà les ailes se dérobaient

Et maintenant j’attends

Le regard encerclé de barbe-lés

J’ai souffert les coups de l’extrémisme

Fait saigner mes mains pour qu’elles se rappellent

De moi qui suis parti sur les chemins

Et maintenant j’attends

Que s’effacent les souvenirs d’un trait

Que mon corps s’allège de mon histoire

Pour que la vague m’emmène loin loin

Juste de l’autre côté du miroir

Et maintenant j’attends

J’ai caché mon corps dans la blanche écume

Retenu des mains et des pieds sans tête

Mais ne pouvait secourir l’autre moi

La mort fauchait sans faille les plus faibles

Et maintenant j’attends

Dans un verre de lait

Crucifié dans la main

Enveloppé de fleurs imprimées

Les pieds fondus dans le bitume

Je grève la faim

Dans une assiette en carton

Je n’ai rien recherché

Sinon la liberté

Ou un souffle de vie

Ou d’être humain sur terre

Dans une folle mêlée

Je frappe le ballon

Et je joue au pays

Qui percera ma cage

Je n’ai plus qu’un rêve

Qui annule les souvenirs

Et qui vit dans le va et vient

De la nuit et du jour

Je brûle d’attendre

Comme je brûle de partir

Je suis un noir cramé

Au bord d’un pays libre

Où je ne suis pas né

La liberté serait mathématique

Alors je retourne à mes études

Et j’observe la confusion de l’homme

Dans le microscope de la vie

Sous mon pied je tente d’effacer

L’empreinte matricule

Mais sur la carte aux trésors

Il n’est pas admis

Alors j’attends

Comme un noir cramé

Dans un corps container

Au bord d’un pays

Qu’on appelle liberté

13 Juillet 2016


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