Je suis né dans un Rouge paysage
Parfumé d’entrailles et de poussières
Où les balles se fondent dans les corps
Où les enfants jouent aux billes de plomb
Et maintenant j’attends
J’ai écrit dans mes mains le nom de ma mère
Juste sous mon pied le jour de ma naissance
Et J’ai marché sur les chemins d’espérance
Tenu les mots qui se perdent dans le vent
Et maintenant j’attends
J’ai quitté mon frère à la seconde où
Je suis parti sans le choix de rester
J’ai offert ma force au désert de sang
Pour chercher l’or au centre de la terre
Et maintenant j’attends
J’ai sauté par-dessus une frontière
Dans un éclat de rire j’ai crié
Me voici l’oiseau de la liberté
Mais déjà les ailes se dérobaient
Et maintenant j’attends
Le regard encerclé de barbe-lés
J’ai souffert les coups de l’extrémisme
Fait saigner mes mains pour qu’elles se rappellent
De moi qui suis parti sur les chemins
Et maintenant j’attends
Que s’effacent les souvenirs d’un trait
Que mon corps s’allège de mon histoire
Pour que la vague m’emmène loin loin
Juste de l’autre côté du miroir
Et maintenant j’attends
J’ai caché mon corps dans la blanche écume
Retenu des mains et des pieds sans tête
Mais ne pouvait secourir l’autre moi
La mort fauchait sans faille les plus faibles
Et maintenant j’attends
Dans un verre de lait
Crucifié dans la main
Enveloppé de fleurs imprimées
Les pieds fondus dans le bitume
Je grève la faim
Dans une assiette en carton
Je n’ai rien recherché
Sinon la liberté
Ou un souffle de vie
Ou d’être humain sur terre
Dans une folle mêlée
Je frappe le ballon
Et je joue au pays
Qui percera ma cage
Je n’ai plus qu’un rêve
Qui annule les souvenirs
Et qui vit dans le va et vient
De la nuit et du jour
Je brûle d’attendre
Comme je brûle de partir
Je suis un noir cramé
Au bord d’un pays libre
Où je ne suis pas né
La liberté serait mathématique
Alors je retourne à mes études
Et j’observe la confusion de l’homme
Dans le microscope de la vie
Sous mon pied je tente d’effacer
L’empreinte matricule
Mais sur la carte aux trésors
Il n’est pas admis
Alors j’attends
Comme un noir cramé
Dans un corps container
Au bord d’un pays
Qu’on appelle liberté
13 Juillet 2016